Posté par Alain Moundoumba, le 8 septembre 2023
Pour cause de soutien au candidat Ali Bongo Ondimba et au PDG, lors des dernières élections générales, l’artiste chanteuse Créole fait l’objet d’attaques virulentes et de menaces de toutes sortes sur la toile, au point où elle aurait déclaré vouloir mettre fin à sa vie.
Par Alain Moundoumba
La nouvelle a fait froid dans le dos : « J’en ai marre. Je veux partir pour toujours. Vous aurez ma mort sur votre conscience. Je fais mes adieux et je vous confie mon fils. Je n‘ai plus la force de lutter», a écrit la célèbre artiste gabonaise sur sa page Facebook. Cette menace de suicide survient à la suite de son soutien au candidat Ali Bongo Ondimba et au Parti démocratique gabonais (PDG), à la dernière présidentielle du 26 août 2023. Après le renversement du régime par le CTRI, l’artiste gabonaise a reçu une avalanche de critiques et d’attaques virulentes de personnes qui lui en voulaient.
Ainsi, le mercredi 6 septembre, un faire-part de décès attribué à l’artiste a mis le web en émoi. Intox ou plaisanterie de mauvais goût ? Toujours est-il que jusqu’alors, personne n‘a encore authentifié cette annonce macabre, ce qui permet de l’inscrire dans le registre du doute.
Somme toute, le cyberharcèlement est un instrument utilisé pour nuire, humilier et rire aux dépens de la victime. Dans le cas de Créole, un site a été expressément créé dans l’optique d’offenser tous les artistes ayant exprimé leur soutien à Ali Bongo Ondimba, lors de la campagne présidentielle passée. L’audience et la notoriété de Créole aidant, la mayonnaise est montée plus vite avec des salves d’injures, des allusions indécentes, des montages d’images et des partages de photos de la concernée.
L’objectif étant de créer auprès du public, des sentiments de colère, de haine et de désamour envers Créole. L’espace public des réseaux sociaux, notamment Tic Tok, Facebook, Snapchat et Whatsapp, prisés par les jeunes, a contribué inconsciemment à renforcer voire, amplifier cette oppression.
Or, ailleurs, notamment en France ou aux Etats-Unis, il est commun de voir des personnalités issues du monde de la culture, exprimer leurs convictions politiques ou leurs préférences à un candidat à l’élection présidentielle, sans incidence notoire sur leurs carrières de chanteur, d’acteur de cinéma ou d’écrivain.
Comment comprendre alors une telle intolérance au Gabon où une personne est guillotinée, pendue haut et court, pour ses opinions politiques ? En déclarant : « Vous aurez ma mort sur la conscience », Créole exprime sa détresse et sa souffrance aux internautes capables de mettre fin à son supplice. Bien plus, en évoquant « son fils » qu’elle confie au public, l’artiste tente vainement de toucher l’affect de ses bourreaux en leur rappelant son statut de femme et de mère.
Alors qu’un Gabon nouveau est en train de naître, l’intolérance et la stigmatisation de personnes pour leurs opinions, leur ethnie et leur sexe, leurs croyances religieuses ou politiques, sont à proscrire parce que condamnés par la loi. Il suffit à Créole et à tous ceux qui sont stigmatisés pour leurs choix politiques, de prendre un bon avocat, de saisir le juge des référés pour que ceux qui les livrent à la vindicte populaire se mettent à rire jaune.
En effet, l’instauration d’un État de droit réclamé par la population gabonaise est corrélée au respect de ses principes dont les libertés individuelles : liberté d’expression, liberté d’opinion et de conscience, etc. Nul ne doit user de sa liberté pour nuire à autrui. Dans le cas de Créole, c’est l’inverse qui s’est produit. Le nouveau gabonais doit aller de pair avec les nouvelles mentalités. L’orgueil, la stigmatisation, le mal gratuit, la médisance et la méchanceté gratuite sont à condamner. La situation de Créole doit interpeller la conscience commune sur notre relation à l’autre et notre vivre-ensemble.
Retour à la liste
08/09/2023 à 17:03
450
{{rdo.ann_fav[303401] ? 'Sortir de' : 'Dans'}} mes favoris
Voir ses autres annonces
Lui envoyer un email
Connectez-vous pour contacter l'annonceur en instantané